IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Diisocyanate-4,4’ de diphénylméthane (MDI) - Pratiques de sécurité et concentration lors de pulvérisation de mousse polyuréthane

Résumé

Au cours des dernières années, des travailleurs québécois de la construction ont été «sensibilisés» au diisocyanate-4,4’ de diphénylméthane (MDI). Cette substance est émise lors de la pulvérisation d’un polyisocyanate (mélange de polymères de MDI) et d’un composé polyhydroxylé (résine) pour former une mousse rigide de polyuréthane utilisée comme isolant thermique de bâtiments. La valeur d’exposition admissible (VEA) québécoise du MDI est de 0,051 mg/m³ (51 μg/m³) pour la forme monomère. Cette substance est identifiée sensibilisant dans le Règlement sur la santé la sécurité du travail (RSST), qui mentionne également la réduction de l’exposition au minimum (EM). Des études terrain (pulvérisation in situ) rapportées dans la littérature scientifique ont démontré des concentrations importantes de MDI au cours de ce procédé, spécialement dans le secteur résidentiel. Celle de Lesage (2007) a confirmé, notamment la nécessité de procéder à des prélèvements des aérosols de MDI et d’utiliser un milieu collecteur permettant leur captation optimale en raison de la courte durée de polymérisation impliquée dans ce procédé.

Le Canadian Urethane Foam Contractors Association (CUFCA) et l’Alliance for the Polyurethane Industry (API) offrent un programme d’entraînement pour les installateurs de cette mousse. Ce programme couvre les façons de faire lors de la pulvérisation afin d’obtenir un produit de qualité. Il s’agit donc de la compétence des travailleurs. Le volet de la sécurité du travail lors des travaux n’est pas ou très peu traité.

Dans un premier temps, la présente étude a documenté les pratiques relatives à la santé et la sécurité du travail (SST) dans une gamme variée de conditions où sont réalisés les travaux d’isolation. Mentionnons entre autres, la construction commerciale ou résidentielle, la localisation des travaux (intérieurs ou extérieurs), la saison (été et hiver).

Puis, elle a permis l’évaluation de MDI en poste fixe dans les aires des travailleurs. Ces concentrations (concentration moyenne sur la durée des travaux et pondérée sur 8 heures) ont été analysées en fonction de déterminants influençant l’exposition des travailleurs au MDI. Les particularités relatives aux travaux ont été traitées afin d’estimer les situations les plus à risque avec un certain niveau de confiance pour les tâches ciblées au cours de la pulvérisation de cette mousse. Le risque d’exposition au MDI sous forme monomère (aérosols) des travailleurs affectés à ces travaux de pulvérisation est important, spécialement lors de travaux effectués à l’intérieur où la moyenne des concentrations dans la zone de pulvérisation est de 288 μg/m³. En plus de ces particularités, les pratiques de travail individuelles et intra équipe (équipe d’installateur et son assistant) expliquent certaines variabilités dans les données recueillies.

Malgré le programme d’entraînement des installateurs par un organisme accréditeur, rien n'indique que les pratiques de SST soient respectées intégralement sur les chantiers québécois de construction. Dans le cadre de la formation sur les compétences, le volet SST ainsi que les protections respiratoire et cutanée devraient être traités rigoureusement et faire partie d’un processus de formation continue des travailleurs.

 

Informations complémentaires

Catégorie : Rapport de recherche
Auteur(s) :
  • Brigitte Roberge
  • Rodrigue Gravel
  • Daniel Drolet
Projet de recherche : 0099-0520
Mis en ligne le : 12 juin 2009
Format : Texte