Résumé Selon Statistique Canada, 33,1 % des salariés québécois et 31,3 % des salariés canadiens travaillaient dans les petites entreprises de 49 employés et moins en 2015. Les petites entreprises constituaient 95 % de l’ensemble des établissements employeurs au Québec et au Canada en 2016. Plusieurs résultats scientifiques internationaux documentent le fait que le contrôle des risques dans les petites entreprises est moins efficace que dans les moyennes et les grandes entreprises et que le risque d’accidents et de maladies professionnelles pour la main-d’œuvre y est plus élevé. En particulier, on observe que le manque de ressources internes des petites entreprises résulte en des capacités réduites et exerce un effet sur les conditions de travail et de sécurité, ainsi que sur la prise en charge de la santé et sécurité du travail (SST). Les données de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) ne permettent pas de dresser un portrait des lésions professionnelles indemnisées en fonction de la taille des entreprises au Québec. D’autres sources de données doivent donc être utilisées pour pallier ce manque d’information. Les données de l’Enquête québécoise sur des conditions de travail, d’emploi et de santé et de sécurité du travail (EQCOTESST (2007-2008)), récoltées auprès de 5 000 travailleurs et décrivant à la fois plusieurs aspects du contexte de travail et la taille des entreprises, offrent des possibilités d’analyse intéressantes. Ces données ont donc été utilisées pour répondre à deux questions principales : Le contexte de travail dans les petites entreprises (PE) du Québec est-il différent de celui des moyennes et grandes entreprises? Le cas échéant, les différences se traduisent-elles par des effets sur la santé et la sécurité du travail? Une sélection des données de l’EQCOTESST (2007-2008) a permis de documenter des facettes du contexte de travail et de la SST des salariés québécois visés par l’enquête : les caractéristiques sociodémographiques, les caractéristiques de l’emploi principal, les horaires et avantages sociaux, l’environnement et les exigences de travail, la santé générale et les atteintes à la santé. Des analyses bivariées ont été réalisées. Tous les aspects de la méthodologie sont conformes à ceux de l’EQCOTESST (2007-2008) (Vézina et al., 2001); les résultats présentés sont statistiquement significatifs à un seuil de 0,05. Les résultats confirment que, dans l’ensemble, le contexte de travail varie en fonction de la taille des entreprises, et les petites entreprises se distinguent des moyennes et des grandes entreprises à cet égard. Pour la santé générale et les atteintes à la santé, les analyses bivariées ont permis de décrire quelques différences selon la taille des entreprises en ce qui a trait à la prévalence de douleurs musculosquelettiques chez les salariés. Des différences significatives selon la taille ont été décrites pour toutes les facettes du contexte de travail. Les résultats présentés basés sur des croisements significatifs entre les caractéristiques documentées de l’emploi et du travail et de la taille des entreprises décrivent des différences entre les salariés des petites entreprises et ceux des grandes entreprises dans tous les cas, et des différences avec les salariés des moyennes entreprises pour la moitié des cas environ. Dans l’ensemble, les deux sous-catégories de petites entreprises, soit celle employant de 1 à 20 salariés et celle regroupant de 21 à 50 salariés, présentent un profil similaire; le fait de les traiter séparément n’apporte une information supplémentaire significative que pour un petit nombre de caractéristiques. Les résultats qui confirment des différences significatives entre les petites entreprises et les entreprises de plus grande taille sur plusieurs caractéristiques de l’emploi et du travail pourront contribuer à l’orientation stratégique de la recherche et à soutenir l’intervention en SST dans les PE.