IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Utilisation des prothèses auditives en milieu de travail bruyant

  •   26 janvier 2017

Montréal, le 26 janvier 2017 – Le port de prothèses auditives ne devrait être considéré qu’en dernier recours pour une personne atteinte de surdité qui travaille dans un environnement bruyant. C’est du moins la conclusion d’une étude financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), qui recommande entre autres d’envisager d’abord la réduction du bruit.

À l’aide de questionnaires et de groupes de discussion auxquels participaient de nombreux professionnels de la santé, ainsi que d’une revue de la littérature, les chercheurs ont voulu entre autres déterminer si le port de prothèses auditives en milieu de travail bruyant optimise les capacités auditives et amplifie les sons utiles pour permettre au malentendant de bien faire son travail, et ce, sans aggraver sa surdité ni compromettre sa sécurité. Ils font aussi état des connaissances relatives aux effets de l’amplification auditive sur la perception de la parole dans le bruit et sur la localisation sonore, en plus de faire état du développement de nouvelles technologies pouvant faciliter l’écoute, la communication et la localisation, tout en limitant l’exposition au bruit.

En ce qui a trait à la revue de la littérature, elle ne permet pas « de tirer de conclusion claire sur le risque d’aggravation de la surdité associé au port de prothèses auditives en milieu bruyant », ni de « démontrer clairement que leur port contribue à améliorer les capacités auditives requises, tant pour l’exécution autonome des tâches de travail que pour assurer la sécurité des travailleurs malentendants. Ces données ne permettent pas non plus d’affirmer avec certitude que l’utilisation de prothèses auditives représente un risque pour la sécurité de ces travailleurs. »

De plus, il existe plusieurs obstacles à la gestion adéquate du port des prothèses auditives qui soulève d’ailleurs des inquiétudes chez les professionnels en santé et en SST autant sur le plan de la préservation de l’audition que sur celui de la sécurité physique de l’ensemble des travailleurs. Les auteurs notent également le manque de méthodes de mesure valides du risque de suramplification et le peu de mécanismes de consultation et de collaboration entre les divers professionnels. « Le rôle de chacun est méconnu, ce qui n’encourage pas le travail multidisciplinaire. Dans la plupart des cas, le professionnel tente de préserver l’audition résiduelle du travailleur, parfois en décourageant le port de prothèses auditives en milieu de travail bruyant, mais, ce faisant, il peut alors sous-estimer le besoin d’entendre de ces travailleurs pour des questions d’efficacité, de sécurité et de communication. La prudence est donc de mise, d’autant plus qu’à notre connaissance, il n’existe toujours pas de dispositif suffisamment bien conçu pour restaurer de manière fiable une juste perception de l’environnement sonore, une situation dans laquelle se retrouve également un travailleur qui porte des coquilles ou des bouchons pour préserver son ouïe dans un environnement de travail bruyant », explique le scientifique Tony Leroux, du Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal métropolitain (CRIR) et vice-doyen aux sciences de la santé de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

L’étude note toutefois des avancées technologiques remarquables pour les travailleurs ayant une déficience auditive, mais « il ne semble toujours pas exister de dispositifs pouvant systématiquement améliorer leurs capacités auditives. »

L’étude peut être consultée sans frais à http://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/100904/n/protheses-auditives-milieu-bruyant. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.

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Source

Jacques Millette

Responsable des affaires publiques

IRSST