IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Exposition à la subtilisine en milieu hospitalier

  •   25 octobre 2016

Montréal, le 25 octobre 2016 – Une équipe de recherche vient de mettre au point une méthode de prélèvement et d’analyse non spécifique permettant d’évaluer les risques associés à la présence de subtilisine en milieu de travail. Utilisée entre autres dans les dégraisseurs et les agents nettoyants, la subtilisine est une enzyme protéolytique qui peut provoquer des réactions allergiques pulmonaires chez les travailleurs. Il n’existait à son sujet aucune méthode d’évaluation de l’exposition même si le Règlement sur la santé et la sécurité du travail (RSST) impose une valeur limite d’exposition très basse pour la subtilisine et interdit la recirculation d’air dans les pièces où elle est utilisée.

Après avoir comparé diverses méthodes (enzymatique, immunologique, par spectrométrie de masse) et évalué en laboratoire les plus prometteuses, les chercheurs ont retenu la méthode du dosage des protéases (enzymes de type subtilisine) et l’ont validée afin qu’elle puisse être implantée au laboratoire et incluse dans son offre de service. Pour ce faire, ils ont déterminé la capacité de la méthode non spécifique à quantifier les protéases de type subtilisine en analysant différents savons fournis par des hôpitaux de la région de Montréal. Les cinq savons qui comportaient des protéases ont ensuite fait l’objet d’une analyse par spectrométrie de masse pour confirmer la présence de la subtilisine.

Pour évaluer et comparer deux systèmes de captation de la subtilisine, une campagne d’échantillonnage de l’air sur filtre de fibre de verre a également été réalisée en poste fixe dans les cinq hôpitaux participants qui utilisaient des savons à base de protéase. Les essais ont été effectués dans diverses salles de retraitement et de décontamination des instruments médicaux.

Les chercheurs ont pu ainsi mettre au point une méthode d’analyse simple, rapide et efficace des protéases dans les savons et les prélèvements d’air ambiant. Ils ont observé la présence de protéases dans l’air ambiant de trois des cinq centres hospitaliers participants et déterminé que les salles de lavage manuel des instruments médicaux étaient l’endroit où le risque d’exposition à la subtilisine était le plus élevé. En cours de projet, les chercheurs ont constaté qu’ils avaient détecté la présence de subtilisine et d’enzyme dans trois savons dont la fiche signalétique indiquait pourtant que le produit n’en contenait pas. Une fiche en particulier rapportait, en caractère gras, que le savon ne contenait aucun ingrédient à risque pour la santé et que les enzymes présentes étaient sans risque. Or, les enzymes contenues dans les savons et les détergents sont des agents sensibilisants. « Ces observations illustrent bien les déficiences relatives aux informations fournies par les fabricants ainsi qu’à l’égard des connaissances et de la compréhension au sujet des enzymes et de leurs effets sur la santé. La vigilance est de mise, mais elle pourrait ne pas être suffisante. Lorsque l’information n’est pas fournie par le fabricant, il devient difficile d’agir en matière de prévention des lésions professionnelles », met en garde l’auteure principale, Geneviève Marchand, Ph. D. (microbiologie), chercheuse à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).

Les résultats de cette étude peuvent être consultés sans frais à http://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/100891/n/analyse-proteases-subtilisine-evaluation-concentrations. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur le Web, Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.

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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST