IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Les thanatopracteurs sont-ils exposés à des risques biologiques?

  •   06 octobre 2020

Montréal, le 6 octobre 2020 – Lors de leurs tâches, les thanatopracteurs peuvent être exposés à des bioaérosols contenant des agents pathogènes infectieux. Bien qu’il n’existe pas de recommandations concernant sa mise en application, la ventilation générale est souvent le seul moyen utilisé dans les laboratoires de thanatopraxie pour maîtriser les bioaérosols. Pour combler le manque de connaissances, une équipe de chercheurs de l’École de technologie supérieure (ÉTS), de l’Université de Montréal et de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) a évalué les expositions professionnelles aux bioaérosols dans le domaine de la thanatopraxie.

Trois laboratoires analysés
Des prélèvements de bioaérosols ont été effectués dans l’air et sur les surfaces de trois laboratoires de thanatopraxie. Ces analyses ont permis d’établir que les travailleurs réalisant une activité de thanatopraxie étaient en moyenne faiblement exposés aux bioaérosols, mais que certaines tâches étaient susceptibles de générer une augmentation des concentrations de bioaérosols à proximité du travailleur. Les chercheurs ont également conclu que des bactéries provenant des voies respiratoires humaines se retrouvent en état cultivable dans l'air des laboratoires de thanatopraxie. « Les bioaérosols ont des diamètres majoritairement inférieurs à 4 µm, qui est la fraction dite respirable, ce qui leur confère une forte probabilité de dépôts dans les voies respiratoires et un fort potentiel de déplacement dans l’air des salles de thanatopraxie », explique Geneviève Marchand, chercheuse en microbiologie à l’IRSST. Les tâches de travail entraînant un effet de soufflet et des éclaboussures ont été identifiées par l’équipe comme les activités les plus émissives.

Le rôle de la ventilation
Le débit de ventilation a également une influence sur les taux de concentration des bioaérosols. Les taux de ventilation calculés pour chacun des trois laboratoires évalués étaient respectivement de 2,1, 10,3 et 7,9 changements d’air par heure (CAH). « Les simulations en dynamique des fluides faites par l’équipe de l’ÉTS ont montré que les concentrations de particules étaient les plus élevées à des débits de ventilation de 1 CAH. L’augmentation du débit de 1 à 4 CAH réduit les concentrations de 28 à 67 % selon le laboratoire modélisé », mentionne Geneviève Marchand. Elle précise également que la modification de la ventilation mécanique par une augmentation du nombre de CAH peut être un moyen de maîtriser les concentrations de bioaérosols, bien que la captation à la source soit toujours l’option à privilégier.

Dans le rapport Évaluation de l’exposition des thanatopracteurs aux bioaérosols et appréciation du risque sur leur santé, les chercheurs sont arrivés à un constat, « Comme il est difficile d’identifier la présence d’agents pathogènes dans le corps des défunts, et considérant la proximité du thanatopracteur, la grande diversité des tâches de travail et l’incertitude associée à la dilution des contaminants par la ventilation générale, par précaution, nous recommandons minimalement le port d’un appareil de protection respiratoire (APR) à épuration d’air de type pièce faciale filtrante jetable (N/R/P-95/99/100) ou demi-masque élastomère muni de cartouches filtrantes P100 lors des tâches de thanatopraxie », conclut Geneviève Marchand.

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Source
Noémie Boucher
Conseillère en communications, IRSST
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