IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Manutention : le rôle de l’expertise et du sexe dans les contraintes à l’épaule

  •   23 juin 2020

Montréal, le 23 juin 2020 – Les troubles musculosquelettiques (TMS) sont parmi les lésions professionnelles les plus prévalentes, et sont associés aux activités impliquant des efforts physiques prolongés, intenses ou répétitifs, comme des tâches d’assemblage, de manutention, d’aide à la personne ou encore de maintien de posture prolongée sur un poste de travail. De 1998 à 2007, les membres supérieurs, dont l’épaule, représentaient 30,1 % des cas de TMS déclarés et acceptés au Québec. Une étude, financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), a permis d’analyser et de comparer les techniques de manutention au niveau de l’épaule, entre les hommes et les femmes, puis entre des manutentionnaires experts et novices du secteur de la distribution.

Différences entre les hommes et les femmes
Grâce à plusieurs simulations en laboratoire de tâches de travail en manutention, l’équipe de recherche, sous la direction de Mickaël Begon, chercheur et professeur agrégé à la Faculté de médecine - École de kinésiologie et des sciences de l'activité physique de l’Université de Montréal, il a été possible de dégager des stratégies moins contraignantes pour l’épaule, d’évaluer des indicateurs quant à leur potentiel d’estimation des contraintes musculosquelettiques et de proposer des indicateurs d’exposition. Les résultats appuient la perspective d’une stratégie de contribution articulaire du membre supérieur spécifique au sexe lors d’une tâche de manutention. « Les participants recrutés ont effectué des déplacements de boîtes de 6 kg, 8 kg et 12 kg, à l’aide de mouvements à partir des hanches jusqu’au-dessus des épaules », explique Mickaël Begon. La différence entre les sexes se joue principalement au niveau de leur articulation glénohumérale. « Avec une masse de 6 kg, les femmes utilisent davantage leur articulation glénohumérale que les hommes. Toutefois, avec une masse de 12 kg, les différences entre les sexes pour cette contribution articulaire sont dans la direction opposée, puisque celle des hommes contribue plus que celle des femmes », précise le chercheur. La diminution de la contribution glénohumérale chez les femmes pour la masse plus élevée est compensée par les articulations du poignet et du coude.

Et l’expertise dans tout ça?
Les experts et les novices en manutention ont également été comparés et l’expertise semble aider le manutentionnaire. « Les experts ont un avantage, puisqu’ils rapprochent leur corps entier de la boîte, en impliquant leurs membres inférieurs pour limiter la contribution de l’ensemble du bras et ainsi maintenir le tronc en position neutre », explique Mickaël Begon. Entre le tiré et le levé, les deux groupes sollicitent principalement leurs poignets et leurs coudes tandis que l’épaule contribue à environ 30 % de la hauteur de la boîte. Toutefois, les experts stabilisent l’articulation plus efficacement au cours de cette transition.

Comme l’équipe de recherche l’avait anticipé, la somme des activations et des forces musculaires est plus élevée avec une masse de 12 kg qu’avec des masses de 6 kg et 8 kg, dans les différentes phases du mouvement. Les femmes, ainsi que les experts, présentent des activations musculaires et des forces musculaires plus élevées que les hommes et les novices respectivement. « À la suite de cette étude, nous recommandons, peu importe le sexe et l’expertise du manutentionnaire, qu’il soit probablement plus sécuritaire d’approcher davantage la boîte du corps lors d’une tâche de manutention. En utilisant cette technique, on réduit ainsi le chargement sur la colonne vertébrale, ce qui pourrait aussi contribuer à la réduction des blessures à l’épaule », conclut Mickaël Begon.

Pour lire le rapport complet, consultez le https://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/101078

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Source
Noémie Boucher
Conseillère en communications, IRSST
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