Avant la pandémie de la COVID-19, les inégalités sociales en santé étaient déjà présentes dans nos sociétés. La pandémie ne fait qu’exacerber ces inégalités en rendant certaines catégories de travailleuses et travailleurs plus vulnérables. Cela s’explique notamment par le fait qu’ils se retrouvent plus souvent dans des catégories d’emploi plus précaire ou à faible revenu, où les risques d’exposition au virus SRAS-CoV-2 sont plus élevés. Les données actuelles à l’échelle internationale indiquent que les femmes, les immigrants et les membres de « minorités visibles » se retrouvent plus souvent dans de telles catégories. Les personnes souffrant de maladies chroniques ou immunosupprimées font aussi partie de ces populations vulnérables en ce temps de pandémie.
1. Les femmes
Basé sur des épidémies et crises économiques passées, l’Organisation internationale du travail (OIT) a rapporté que les femmes sont plus représentées dans les secteurs à risques, comme le secteur des services (service à la clientèle dans les entreprises de détail, service à la petite enfance et secteur de la santé et des services sociaux). Au Québec, les femmes occupent plus de la moitié des emplois du secteur des services et près de 9 travailleuses sur 10 sont dans ce secteur. Leur part d’emploi est encore plus grande dans le secteur de la santé et des services sociaux et dans le secteur de l’éducation. De plus, la COVID-19 peut rendre plus difficile la conciliation entre le travail et la vie personnelle, notamment lorsque les enfants se retrouvent confinés à domicile. Donc, en période de pandémie, les femmes pourraient voir leur charge familiale augmenter et s’ajouter à leur charge professionnelle, elle aussi impactée par la crise.
Finalement, les femmes occupent plus d’emplois à faible revenu où le risque d’exposition au SRAS-CoV-2 est généralement plus élevé.
2. Travailleuses et travailleurs immigrant(e)s et désigné(e)s comme « minorités visibles »
Les personnes issues de l’immigration et désignées comme « minorités visibles » sont nombreuses à travailler dans les secteurs plus à risque d’exposition au SRAS-CoV-2. Ces personnes occupent une grande part des emplois dans les secteurs dits essentiels où les possibilités d’effectuer du télétravail sont plus rares, comme les services de soins de santé et les services sociaux. Par exemple, selon le recensement canadien de 2016, plus du tiers des aide-soignantes, des aide-infirmières et des préposées aux bénéficiaires étaient issues de l’immigration.
Pour réduire les risques encourus par la population issue de l’immigration et désignée comme minorité visible, plusieurs chercheurs recommandent de s’assurer que les mesures de prévention soient comprises par tous les travailleurs et appliquées de manière équitable. Par exemple, il est recommandé que ces mesures prennent en considération les différentes cultures et langues parlées.
3. Travailleuses et travailleurs souffrant de maladies chroniques ou immunosupprimés
Certaines travailleuses et certains travailleurs pourraient être plus à risque de développer des complications suite à une infection par le SRAS-CoV-2, dont ceux immunosupprimés ou ceux souffrant de maladies chroniques. À cet égard, consulter les publications de l’INSPQ :
Sources:
Bui, D. P., McCaffrey, K., Friedrichs, M., LaCross, N., M. Lewis, N., Sage, K., et al. (2020). Racial and ethnic disparities among COVID-19 cases in workplace outbreaks by industry sector — Utah, march 6–June 5, 2020. Morbidity and Mortality Weekly Report, 69(33), 1133-1138. doi: 10.15585/mmwr.mm6933e3
Houle, P., Turcotte, M. et Wendt, M. (2017). Évolution de la participation des parents aux tâches domestiques et aux soins des enfants de 1986 à 2015 (Rapport no 89‑652‑X2017001). Tiré de https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/89-652-x/89-652-x2017001-fra.htm
International Labour Organization. (2020). COVID-19 and the word of work : Impact and policy responses. Tiré de https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/documents/briefingnote/wcms_738753.pdf
McClure, E. S., Vasudevan, P., Bailey, Z., Patel, S. et Robinson, W. R. (2020). Racial capitalism within public health: How occupational settings drive COVID-19 disparities. American Journal of Epidemiology. doi: 10.1093/aje/kwaa126
Savage, K. et Turcotte, M. (2020). La contribution des immigrants et des groupes de population désignés comme minorités visibles aux professions d’aide-infirmier, d’aide-soignant et de préposé aux bénéficiaires (Rapport no 45280001). Tiré de https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/45-28-0001/2020001/article/00036-fra.htm
St-Denis, X. (2020). Sociodemographic determinants of occupational risks of exposure to COVID-19 in Canada. doi: 10.31235/osf.io/nrjd3
Statistique Canada. (2020). Caractéristiques de la population active selon l'industrie, données annuelles (x 1 000). Tiré de https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1410002301