IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Différences hommes-femmes en matière d’exposition professionnelle

  •   16 septembre 2014

Des chercheurs viennent de réaliser une des premières analyses de l’exposition professionnelle à des substances chimiques entre hommes et femmes en utilisant des données épidémiologiques issues de deux études – l’une sur le cancer du poumon et l’autre sur le cancer du sein, qui documentaient de façon détaillée les histoires de travail de 1 657 hommes et de 2 073 femmes de la région de Montréal vers la fin des années 1990. À l’aide des données recueillies et analysées par des experts – chimistes et hygiénistes du travail, les chercheurs ont pu ainsi estimer et comparer la proportion et les niveaux d’exposition entre hommes et femmes par profession en tenant compte ou non de l’activité économique pour 243 substances toxiques qui avaient été codées dans chacune des deux études.

Résultats
L’analyse portant sur toutes professions et tous secteurs d’activité confondus a montré des différences d’exposition professionnelle selon le sexe entre les emplois occupés par les hommes et ceux exercés par les femmes. « Comme on l’anticipait, hommes et femmes n’occupent pas les mêmes professions et ne sont pas exposés aux mêmes polluants. Grosso modo, les emplois occupés par les hommes ont été jugés de nature à les exposer en plus grande proportion entre autres aux gaz d’échappement des véhicules, aux coupes pétrolières (composants du pétrole récupérés dans une tour de distillation), aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), aux poussières des matériaux de construction et aux poussières d’abrasifs. En comparaison, les emplois occupés par les femmes sont de nature à les exposer davantage aux poussières de tissus, aux fibres textiles, à l’ammoniaque, au formaldéhyde et autres aldéhydes aliphatiques. Ces profils d’exposition recoupent ceux d’une étude néo-zélandaise parue en 2011 », précise France Labrèche, auteure principale de l’étude et épidémiologiste à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).

La majeure partie de ces différences de proportion d’exposition disparaissait lorsque l’analyse tenait compte de la profession : en étudiant quelque 4 269 points de comparaison relatifs à l’exposition des hommes et des femmes à l’intérieur d’un même groupe professionnel, seulement 326 points (7,6 %) présentaient des différences marquées selon le sexe. « Plus de la moitié (57,4 %) de ces 326 différences s’expliquaient par un manque de précision du code de profession,  près du quart (23,9 %) par des différences dans les tâches entre hommes et femmes, 15,6 % par des différences liées au secteur industriel, de telle sorte qu’en prenant en compte la profession précise, le secteur industriel et une description des tâches, il ne restait plus que 3,1 % de différences en matière d’exposition entre hommes et femmes. Cependant, lorsque les emplois des hommes et ceux des femmes étaient exposés à une substance donnée, l’intensité d’exposition pondérée dans le temps était similaire. Ces analyses démontrent qu’il est nécessaire de développer entre autres des façons d’intégrer les nuances liées aux tâches elles-mêmes pour mieux décrire l’exposition professionnelle », conclut Mme Labrèche.

Intitulée Expositions professionnelles à des contaminants chimiques et physiques : Analyse différenciée selon le sexe, l’étude peut être consultée sans frais à http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-842.pdf.

 

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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST