IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Modèles prédictifs de l’exposition à la silice cristalline

  •   02 avril 2013

À partir d’une banque de données contenant plus de 10 000 mesures d’exposition professionnelle à la silice cristalline, une équipe de chercheurs de l’Université de Montréal et de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) a conçu des modèles prédictifs de l’exposition des travailleurs à cette substance associée à des maladies respiratoires, dont le cancer du poumon et la silicose. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé des techniques d’analyses multivariées pour évaluer les effets simultanés de divers paramètres sur l’exposition de travailleurs à la poussière de silice, tels que le titre d’emploi, la tâche exécutée, sa durée, le secteur d’activité, la nature du projet (construction, restauration, démolition), la ventilation, les moyens de protection, etc.

Globalement, les résultats obtenus suggèrent qu’en raison de la variation des tâches, le titre  de métier ou d’occupation (p.ex. : opérateur d’équipement lourd, briqueteur-maçon) n’est pas un très bon prédicteur des niveaux d’exposition. L’étude avance toutefois que la majorité d’entre eux sont associés à des niveaux d’exposition dépassant fréquemment les normes, particulièrement dans le cas des travailleurs souterrains identifiés comme ceux étant le plus à risque. Par ailleurs, l’évaluation basée sur la nature de la tâche effectuée permet de mieux prédire l’exposition. Les estimations indiquent que des tâches telles que le meulage de joints de brique ou de pierre, le cassage de pièces de maçonnerie et le forage de tunnels figurent parmi celles générant les plus fortes expositions tandis que des tâches associées aux activités de préparation des matériaux et au nettoyage sont parmi les plus faibles. La stratégie d’évaluation par tâche permet également de mieux cibler les actions de prévention, incluant l’utilisation de moyens de maîtrise à la source des poussières, qui tous, sont liés à des diminutions des concentrations en silice cristalline, en particulier la ventilation locale (69 %) et l’utilisation d’un procédé humide intégré à l’outil (71 %).

Au regard de la durée d’échantillonnage, les données analysées indiquent qu’en augmentant de 50 %  la période de prélèvement, les niveaux d’exposition à la silice cristalline peuvent baisser sensiblement. Cette baisse résulterait notamment de la prise en compte de périodes sans exposition comme les pauses et des tâches ou des procédés de nature secondaire. « Malgré leurs limites, les modèles élaborés permettent de cibler les divers facteurs ayant un effet sur les niveaux d’exposition et de mettre en place des mesures de contrôle. Par contre, les moyens techniques de maîtrise à la source des poussières ne permettent pas nécessairement de réduire l’exposition à des niveaux acceptables pour les tâches les plus polluantes. L’utilisation d’une protection respiratoire appropriée demeure inévitable pour ces tâches d’autant plus que nos estimations indiquent que, sur un quart de travail de huit heures, ces niveaux dépassent fréquemment les seuils considérés comme acceptables, ce qui suggère que la majorité des travailleurs de l’industrie de la construction sont à risque », conclut Jean-François Sauvé, auteur principal de l’étude et chercheur à l’Université de Montréal.

L’étude intitulée Exposition des travailleurs de la construction à la silice cristalline – Exploitation d’une banque de données tirée de la littérature peut être consultée gratuitement. 

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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST