IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Portrait de l’exposition des travailleurs aux sous-produits de désinfection des piscines

  •   06 février 2015

Deux importantes campagnes d’échantillonnage ont été réalisées afin de déterminer les niveaux de contamination environnementale (eau et air) des piscines intérieures et de contamination biologique (urine et air expiré) des travailleurs qui y œuvrent. Une première a été effectuée dans 41 piscines des régions de Montréal et de Québec alors que des chercheurs ont mesuré les concentrations d’une large gamme de sous-produits de désinfection (SPD) qui sont le résultat de réactions chimiques entre le chlore et les matières organiques ou azotées présentes naturellement dans l’eau ou introduites par les baigneurs, et qui représentent des risques pour la santé (ex. problèmes respiratoires). La deuxième campagne a permis de revisiter huit des 41 piscines où l’on a recruté sur une base volontaire 35 travailleurs qui ont fourni des échantillons d’urine et/ou d’air alvéolaire à leur arrivée au travail, mais aussi après une période d’activité d’une durée variable, pour déterminer leur degré de contamination biologique.

En résumé, malgré l’absence de normes au Québec, les résultats démontrent que les degrés de contamination environnementale sont « très variables » d’une piscine à l’autre et que ceux-ci sont « relativement élevés » par rapport aux normes en vigueur dans certains pays. D’autre part, les échantillons indiquent que les matrices biologiques des travailleurs ont démontré la présence de SPD, mais les difficultés d’estimation rencontrées par les chercheurs les amènent à plaider pour une amélioration des méthodes de prélèvement et d’analyse. « Sans être alarmiste, ce premier tableau diagnostique de l’exposition des travailleurs aux SPD des piscines intérieures au Québec doit non seulement stimuler l’intérêt des intervenants sur le sujet, mais aussi appeler le milieu à une certaine forme de vigilance. Il est important de signaler que les impacts sanitaires des différentes expositions aux SPD restent à être plus clairement et précisément établis », précise l’auteur principal de l’étude, le toxicologue Robert Tardif, Ph. D., de l’Université de Montréal, pour qui une solution efficace passe par une stratégie adaptée à chaque piscine, combinant l’amélioration des contrôles de la qualité de l’eau et de l’air , ainsi que l’instauration de bonnes pratiques comme la prise d’une douche avant la baignade.

Pour sa part, Denise Soucy, directrice générale de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires municipales (APSAM), un des partenaires du projet, estime que cette étude répond au besoin d’enrichissement des connaissances dans ce dossier. Elle ajoute que les municipalités sont ainsi plus appuyées dans le maintien ou l’instauration de « bonnes pratiques ». Mais afin de les soutenir dans le choix des contrôles pour améliorer la qualité de l’eau et de l’air, la poursuite des recherches est primordiale.

Les résultats de cette étude financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) peuvent être consultés et téléchargés sans frais de même que ceux d’une étude complémentaire sur le traitement des eaux de piscine intérieure.

Évaluation de l’exposition des travailleurs aux sous-produits de désinfection en piscine au Québec : http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-860.pdf

Impact de quatre filières de traitement de l’eau en piscine sur les concentrations des sous-produits de désinfection : Une étude exploratoire: http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-859.pdf

-30-

Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST