IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Évaluation des bioaérosols et des composés gazeux émis lors des compostages de résidus agroalimentaires et résidentiels

Résumé

Au cours des dernières années, la conscientisation écologique des populations a stimulé de façon importante l’intérêt qu’elles portent à la protection de l’environnement. Des comportements favorisant le développement durable et permettant la préservation à long terme de l’environnement comme le compostage sont maintenant répandus. De par sa nature, le compostage nécessite l’action des microorganismes. À chaque phase de compostage correspondent des populations de microorganismes caractéristiques et, par conséquent, des émissions de bioaérosols qui leur sont propres. Plusieurs gaz peuvent également être présents dans l’air ambiant lors des activités de compostage. Les travailleurs de ces milieux peuvent donc être exposés à des agents chimiques et biologiques.

L’objectif de cette étude était de comparer les concentrations des contaminants présents dans l’air ambiant de trois sites de compostage traitant des matières organiques différentes c.-à-d. des résidus organiques triés à la source provenant d’une collecte à trois voies, des fumiers provenant d’une ferme de bovins laitiers ainsi que des carcasses et des tissus animaux provenant d’une ferme porcine; et ce, afin d’en estimer les risques pour la santé.

Des différences sur le plan des concentrations et des types de contaminants ont été observées dans les centres étudiés, et ce, tant au regard des microorganismes que des composés gazeux. Ce projet a permis de montrer que le compost favorise l’activité biologique en produisant une augmentation significative des concentrations de microorganismes cultivables dans l’air ambiant des centres de compostage. La méthode de la réaction de polymérase en chaîne (PCR) a permis de démontrer la présence de Legionella spp et pneumophila dans l’air d’un des centres, celle de Saccharopolyspora rectivirgula lors de quelques interventions et la présence soutenue des Mycobacterium spp dans l’ensemble des centres de compostage. Ces résultats démontrent que les analyses de biologie moléculaire à l’aide de marqueurs spécifiques peuvent avoir un apport important en matière d’évaluation du risque microbien. L’utilisation de ces marqueurs pourrait permettre une évaluation rapide, spécifique et mieux ciblée du risque microbiologique des centres de compostage. L’évaluation de la biodiversité a permis d’établir l’existence d’une aérosolisation préférentielle du phylum Actinobacteria et du genre Mycobacterium spp. Cela signifie que bien qu’elles ne soient pas les bactéries les plus nombreuses dans la composition du compost, leur présence dans l’air par rapport aux autres groupes microbiens semble favorisée.

L’étude de la granulométrie des particules a permis de démontrer que les diamètres aérodynamiques des particules fluorescentes et totales étaient inférieurs à 10 µm. Ces deux types de particules ont donc la capacité de pénétrer profondément dans les poumons. Le pH et la teneur en eau sont les seuls paramètres permettant d’établir un lien avec les concentrations de contaminants microbiens.

L’exposition des travailleurs du compost aux microorganismes et aux gaz est démontrée. Bien que la durée de l’exposition soit limitée dans la majorité des cas, une protection respiratoire pourrait être souhaitable.

Informations complémentaires

Catégorie : Rapport de recherche
Auteur(s) :
  • Geneviève Marchand
  • Yves Cloutier
  • Laetitia Bonifait
  • Marc Veillette
  • Carole Pépin
  • Yves Beaudet
  • Éric Légaré
  • Jacques Lavoie
  • Caroline Duchaine
  • Yves Bernard
Projet de recherche : 2012-0029
Mis en ligne le : 27 mars 2017
Format : Texte