IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Détection des virus respiratoires et entériques en milieu hospitalier - Une étude pilote

Résumé

Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), les infections nosocomiales constituent une cause majeure de complication des soins de santé avec comme impacts, une augmentation de la mortalité et de la morbidité, une prolongation de l’hospitalisation et une majoration importante des coûts de santé. Ces infections représentent la quatrième cause de mortalité au Canada et sont à l’origine d’un grand nombre de lésions professionnelles (Raka et coll. 2006). Bien que des efforts considérables soient faits sur le terrain pour endiguer ce problème, les infections nosocomiales perdurent et tendent à se complexifier : résistance aux antibiotiques, souches plus virulentes, etc. Le risque encouru par le personnel travaillant dans les milieux de soins doit donc être revu et redéfini sur les bases des nouvelles approches moléculaires d'analyse des bioaérosols. Peu d’investigations sérieuses sur ce vecteur ont été réalisées (Beggs, 2003; Tellier, 2009; Lindsley et coll. 2010). Pourtant, le personnel travaillant dans les milieux de soins est en contact fréquent avec des agents biologiques infectieux présents dans l’air et l’environnement.

Cette activité exploratoire avait pour but de valider, dans un premier temps, la mise en place de méthodologies afin de mieux détecter la présence de virus  dans les milieux de soins et, dans un second temps, d'évaluer si ces méthodologies ainsi que les données préliminaires obtenues peuvent être appliquées dans une étude de plus grande envergure portant sur cette thématique de recherche.

Deux techniques d’échantillonnage de l’air différentes furent utilisées sur le terrain en faisant appel d’une part, à un échantillonneur expérimental, le NIOSH 251, et d’autre part, au Coriolisµ® de Bertin Technologies. À la suite du traitement des échantillons visant à les concentrer, l’acide ribonucléique (ARN) a été extrait. Les cibles spécifiques telles l’Influenza A et B, ainsi que les Norovirus G1 et G2 furent détectées par réaction en chaîne par polymérase en temps réel (PCR quantitative en temps réel). Afin d’évaluer la résistance des Norovirus à l’aérosolisation, nous avons utilisé un modèle de culture cellulaire et de Norovirus murin. Des aérosols ont été générés dans une chambre environnementale, pour être ensuite échantillonnés. La charge virale totale des échantillons fut évaluée par PCR quantitative en temps réel et la viabilité des virus par culture cellulaire.

En ce qui concerne les virus Influenza, il a été possible de détecter leur présence dans l’air de salles d’urgence à l’aide d’échantillonnages sentinelles. Ces derniers furent aussi détectés dans une chambre de patient ainsi que dans le couloir adjacent. Nous avons aussi détecté le Norovirus dans l’air de plusieurs chambres de patients (hôpital et centre d’hébergement et de soins de longue durée [CHSLD]), dans les corridors adjacents, au poste d’infirmière ainsi que sur des surfaces, suggérant ainsi une exposition professionnelle sous-estimée et non documentée. Concernant les essais en chambre environnementale, nous avons démontré qu’il est possible de récolter des particules virales infectieuses à l’aide d’échantillonneurs d’air, suggérant la résistance du Norovirus au stress d’aérosolisation.

Informations complémentaires

Catégorie : Rapport de recherche
Auteur(s) :
  • Caroline Duchaine
  • Marc Veillette
  • Julie Jean
  • Yves Longtin
  • Laetitia Bonifait
  • Nathalie Turgeon
  • Rémi Charlebois
Projet de recherche : 0099-9060
Mis en ligne le : 18 février 2015
Format : Texte