IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Pour une évaluation de l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides

  •   25 octobre 2016

Montréal, le 25 octobre 2016 – Abondamment utilisés en agriculture dans plusieurs variétés de culture, les pesticides de la classe des pyréthrinoïdes peuvent affecter la santé (effets neurotoxiques, changements immunitaires et endocriniens) des travailleurs qui en font l’épandage ou qui œuvrent dans des zones traitées. Devant les difficultés à déterminer les doses réellement absorbées par la combinaison des voies respiratoires et cutanées dans des conditions variées, des chercheurs ont voulu perfectionner et valider une approche toxicocinétique pour mieux évaluer l’exposition des travailleurs. Pour ce faire, ils ont exposé trois hommes et trois femmes volontaires, sous surveillance médicale, à de faibles doses de deux des pyréthrinoïdes les plus utilisés (perméthrine, cyperméthrine) pour obtenir leurs profils urinaires et sanguins. Le modèle toxicocinétique pour les deux substances a été raffiné pour reconstituer les doses absorbées à partir de biomarqueurs dans des matrices biologiques et a servi pour une étude terrain de surveillance biologique auprès de 38 travailleurs recrutés dans des entreprises agricoles de la Montérégie. De 10 à 20 échantillons d’urine ont pu ainsi être collectés pour chacun des 26 travailleurs exposés à la cyperméthrine en milieu maraicher et des 12 travailleurs exposés à la perméthrine lors de la culture du maïs sucré, qui ont également répondu à un questionnaire. Les données obtenues en laboratoire ont ensuite été comparées à celles colligées sur le terrain.

« En plus d’être utilisé pour établir des valeurs de référence biologiques à ne pas dépasser pour prévenir les effets sur la santé, le modèle toxicocinétique que nous avons conçu a entre autres permis de déterminer que la tâche d’épandage de pesticides est celle associée aux expositions les plus élevées, mais que le travail en zone traitée (désherbage, cueillette, etc.) peut accroître l’exposition, ce qui plaide en faveur de prêter une attention plus soutenue aux pratiques de travail et de porter des équipements de protection individuelle. L’étude a aussi mis en relief que l’exposition orale aux pyréthrinoïdes par inadvertance, qui est reliée aux pratiques et à l’hygiène de travail (échange main-bouche après contact avec du matériel, plants ou vêtements contaminés) devrait faire l’objet d’une évaluation plus détaillée », précise la toxicologue Michèle Bouchard, Ph. D., professeure au Département de santé environnementale et santé au travail de l’Université de Montréal.

Tous les résultats de cette étude financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) peuvent être consultés sans frais à http://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/100895/n/evaluation-exposition-travailleurs-agricoles-pyrethrinoides. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.

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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST