IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Santé mentale au travail - Projet-pilote pour passer d’une approche individuelle de réadaptation à une approche organisationnelle de prévention

Résumé

Les problèmes de santé mentale au travail représentent actuellement l’une des plus importantes causes d’absence du travail, et ce phénomène a connu une croissance marquée au cours des dernières années. Nos travaux antérieurs ont révélé que la majorité des travailleurs qui se sont absentés en raison d’un problème de santé mentale font référence aux difficultés vécues dans le cadre de leur activité professionnelle comme facteur ayant contribué à la détérioration de leur état de santé et de leur arrêt de travail, d’où l’importance d’orienter les pratiques de retour au travail vers la modification des facteurs de l’organisation du travail. L’objectif général de ce projet est de tracer le passage d’une démarche individuelle de soutien au retour au travail et au maintien en emploi des travailleurs qui se sont absentés en raison d’un problème de santé mentale à une démarche organisationnelle visant la prévention des problèmes de santé mentale dans le milieu de travail. Ce projet s’inscrit dans le prolongement d’une étude visant la conception, l’implantation et l’évaluation d’une démarche de soutien au retour au travail réalisée dans un centre de santé et de services sociaux (St-Arnaud et coll., 2011).

Spécifiquement, le projet visait à : 1) Identifier et caractériser les facteurs de l’organisation du travail que le travailleur a reconnus comme ayant contribué à la détérioration de son état de santé mentale et à son retrait du travail; 2) Identifier et caractériser les facteurs de l’organisation du travail que le travailleur a reconnus comme étant une préoccupation à l’égard de son retour au travail et qu’il a inscrits dans son plan de retour au travail; 3) Identifier et caractériser les interventions organisationnelles sur le travail prévues en concertation par le travailleur et son supérieur dans un plan de retour au travail visant à soutenir le travailleur lors de son retour (prévention tertiaire); 4) Déterminer les écarts entre les facteurs identifiés par le travailleur, les interventions prévues au plan d’action et les interventions réellement mises en place par l’organisation, et analyser les logiques d’action qui expliquent ces écarts et qui pourraient avoir un impact sur les interventions de prévention primaire; et 5) Dégager, à partir de l’ensemble des parcours, des cibles d’action en matière de prévention primaire.

L’étude porte plus spécifiquement sur l’analyse du parcours des personnes absentes du travail pour des raisons de santé mentale et qui ont identifié le travail comme facteur ayant contribué à la détérioration de leur santé et à leur arrêt de travail. La collecte des données a été faite à partir d’entrevues individuelles semi-structurées, réalisées auprès des travailleurs et de leur supérieur immédiat, et d’un plan d’action écrit, en concertation travailleur-employeur, visant à soutenir le retour au travail. La codification et l’analyse des données ont été réalisées à l’aide du logiciel Nvivo.

La réalisation de cette activité de recherche a permis de développer une stratégie de soutien au retour au travail axée sur les activités de travail et sur la mise en place, à partir de situations réelles et en collaboration avec le supérieur immédiat, d’interventions en prévention tertiaire. Cette stratégie a de plus permis d’ouvrir sur des interventions de prévention primaire en santé mentale au travail; les interventions réalisées pouvant toucher les travailleurs qui ne se sont pas encore absentés, mais qui pourraient être visés par les situations de travail à l’origine de l’absence d’autres travailleurs.

L’originalité de cette recherche repose sur son rôle de sentinelle dans le développement de pratiques préventives en santé mentale au travail. Cette démarche sentinelle suggère d’étudier le cas des travailleurs qui sont absents pour des raisons de santé et qui identifient des éléments de l’organisation du travail comme étant contributifs de leur pathologie, pour déterminer les situations de travail susceptibles d’affecter aussi d’autres travailleurs issus du même milieu de travail.

Informations complémentaires

Catégorie : Rapport de recherche
Auteur(s) :
  • Louise St-Arnaud
  • Mariève Pelletier
  • Michel Vézina
  • Catherine Briand
  • Pascal Paillé
  • Émélie Demers
Projet de recherche : 0099-8750
Champ de recherche : Réadaptation au travail
Mis en ligne le : 19 février 2014
Format : Texte