IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

L’absence d’éosinophilie bronchique est-elle un facteur de mauvais pronostic de l’asthme professionnel?

Résumé

L’asthme est une maladie inflammatoire des bronches qui se traduit par une respiration sifflante, de la toux et de la difficulté à respirer. Ces symptômes s’accompagnent de changements de la fonction respiratoire qui comprennent une obstruction des bronches ainsi qu’une irritabilité anormale de celles-ci. L’inflammation présente dans l’asthme correspond la plupart du temps à la présence de cellules appelées éosinophiles. L’asthme professionnel (AP) est un asthme qui est causé par une allergie à un produit présent sur le lieu de travail. L’exposition à un agent professionnel, auquel un travailleur est allergique induit non seulement une diminution de la fonction respiratoire, mais aussi une augmentation de l’inflammation bronchique éosinophilique dans la majorité des cas.

Cependant, une partie des personnes qui souffrent de l’asthme professionnel ne présentent pas d’inflammation éosinophilique lorsqu’elles sont exposées à la substance à laquelle elles sont allergiques. Une étude antérieure suggérait que ces personnes pourraient développer un asthme plus sévère que celles qui présentent une inflammation éosinophilique. L’inflammation bronchique peut être mesurée dans les crachats en pratiquant une méthode qui consiste à faire cracher les sujets après inhalation d’une solution saline. Cette technique se nomme l’expectoration induite.

Le but de ce projet de recherche est d’évaluer si l’absence d’éosinophiles dans l’expectoration, au moment de l’exposition à l’agent professionnel en cause lors du diagnostic, permet d’identifier un groupe de travailleurs dont le pronostic de l’asthme est plus défavorable à long terme, même après retrait de l’exposition. Les travailleurs qui avaient eu un diagnostic d’asthme professionnel établi par tests de provocation bronchique spécifiques (TPS), il y a environ cinq ans, ont été évalués à nouveau afin de comparer la sévérité de l’asthme des sujets qui avaient eu une réponse éosinophilique durant le test de provocation bronchique à ceux qui avaient eu une réponse non éosinophilique.

Résultats
Quarante-quatre sujets, qui ont fourni un échantillon d’expectoration valide au moment du diagnostic (avant et après le TPS), ainsi qu’au moment de l’étude, ont été étudiés. Quinze d’entre eux n’avaient pas présenté de réponse éosinophilique au moment du diagnostic, alors que les 29 autres sujets avaient eu cette réaction éosinophilique après le TPS. Au moment du diagnostic, les sujets avec inflammation non éosinophilique présentaient une obstruction bronchique légèrement plus marquée que les sujets non éosinophiliques, mais ils ne démontraient pas davantage d’hyperexcitabilité bronchique.

Cinq ans plus tard, les sujets avec réponse non éosinophilique présentaient un volume expiré maximal en une seconde (VEMS) plus bas, une obstruction bronchique plus importante ainsi qu’une hyperexcitabilité bronchique plus marquée. Ils avaient également tendance à montrer plus de difficultés à maîtriser leur asthme. Par ailleurs, le type de réponse inflammatoire (éosinophilique vs non éosinophilique) était associé à une plus grande progression de l’obstruction bronchique au cours des années de suivi.

Conclusion
Les résultats de cette étude suggèrent que les sujets avec asthme professionnel ayant une réponse non éosinophilique ont un asthme plus sévère au moment du diagnostic et n’évoluent pas aussi bien que ceux ayant une réponse éosinophilique.

Informations complémentaires

Catégorie : Rapport de recherche
Auteur(s) :
  • Catherine Lemière
  • Lucie Blais
Projet de recherche : 0099-7690
Mis en ligne le : 17 février 2014
Format : Texte